Les mots intimes et universels de Lola Lafon

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La Petite Communiste qui ne souriait jamais (Actes Sud, 2014), premier grand succès de Lola Lafon, romancière, chanteuse et compositrice, racontait l’histoire de la gymnaste roumaine Nadia Comaneci et de son enfance sacrifiée. Le livre disait à la fois le talent de son autrice et son extrême sensibilité, tournée vers les droits des femmes et la justice sociale.

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En 2020, elle publiait Chavirer (Actes Sud), roman subtil et révolté sur les abus sexuels commis sur de jeunes danseuses par les membres d’une fondation. En 2022, elle racontait l’histoire d’une autre jeune fille, Anne Frank, dans le bouleversant Quand tu écouteras cette chanson.

Voici que sa voix résonne, dans ce nouveau livre, de façon plus contemporaine : elle décortique l’actualité sur près de deux années, de janvier 2023 à novembre 2024. Il serait plus juste de dire qu’elle en ramasse les lambeaux, sous le rouleau compresseur qui nous a écrasés pendant ce laps de temps, en marche depuis longtemps, et qui réduit en charpie chaque année nos « meilleurs vœux » naïfs.

Impuissance et colère

La mort de Nahel, tué par la police, celle de Sinéad O’Connor, qui s’éleva jadis contre la pédocriminalité dans l’Église catholique, les viols de Mazan, les massacres du 7 Octobre, la guerre à Gaza : voici ce que nous avons lu dans les journaux, sur les réseaux sociaux, les drames, les scandales, les horreurs dont nous sommes gorgés jusqu’à la nausée. « Sans doute aurait-on dû oser s’avouer brisés par trop d’images atroces. Sans doute vaudrait-il mieux le concéder : les mots nous manquent, nous ne savons que faire de ce que nous voyons, de ce que nous lisons », avance Lola Lafon.

À LIRE AUSSI Que vaut le nouveau livre de Vanessa Springora ?Si son regard sur les événements qui ont marqué les deux années écoulées est si précieux, c’est parce qu’il est sincère, et qu’il traduit avec justesse l’impuissance et la colère qui si souvent nous déboussolent. C’est aussi – et voici pourquoi nous avons tant besoin de grandes plumes comme la sienne pour parler du présent – parce qu’elle sait ajouter à cet universel un intime qui nous rappelle à la douceur d’une voix humaine.

Lola Lafon coud le récit des traumatismes collectifs dans la trame de sa vie personnelle, qu’elle raconte le bref et poignant passage d’un petit garçon défavorisé dans sa vie, la Shoah, qui a emporté une partie de sa famille, son rapport à l’injonction à la maternité, au gré du fameux « réarmement démographique » qui fait du ventre des femmes« l’objet d’un agenda politicien ». Lola Lafon nous montre ses bleus et ses bosses, elle nous parle des nôtres. Sa médecine se pratique par la grâce des mots, qu’elle remet à leur place, sur une ligne de vie.


À Découvrir



Le Kangourou du jour

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« Il n’a jamais été trop tard », de Lola Lafon (Stock, 227 p., 19,50 €).


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