LES FIGURES DE LA RENTRÉE – Frère et sœur, ce duo construit des logements en terre crue. Dont une maison à Paris. Une première.
La trentaine, ils sont frère et sœur. À deux ans d’intervalle, Philibert et Emmanuelle sont sortis diplômés de l’École nationale supérieure d’architecture (Ensa) Paris Val-de-Seine. En 2019, ils ont fondé le cabinet Déchelette Architecture. Animé par les mêmes convictions, ce duo fonceur incarne la nouvelle génération soucieuse des enjeux de demain et porteuse de projets innovants. Leur terrain de jeu privilégie les matériaux biosourcés à faible impact écologique comme l’impose la réglementation environnementale qui va encore durcir ses seuils énergétiques et carbone.
« Réfléchir l’architecture par la matière, avec la pluie ou le vent, revenir aux principes fondamentaux, tel est leur credo. Nous sommes dans un moment charnière où il s’agit de concurrencer le béton, avec la pierre, le bois, la paille, le chanvre ou la terre. Le plus difficile est de trouver la maîtrise d’ouvrage qui sache l’utiliser et ne pas faire grimper les prix. Cela implique aussi un changement d’esthétique face à une matière moins lisse, plus poétique, pas encore dans les esprits », explique Emmanuelle, invitée à s’exprimer sur le sujet dans une installation, à la dernière Biennale de Tallinn en Estonie.
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Les Déchelette prônent une architecture durable et responsable. Ils en ont fait la récente démonstration, l’année dernière, à la Casa Franca, la première habitation en terre de Paris, dans une petite rue pavée du 18e arrondissement. Avant d’entrer, on ne peut s’empêcher de toucher, comme par superstition, les murs de cette maison en terre crue brun ocre, version urbaine des cases en pisé d’Afrique qui ont résisté à toutes les intempéries. Mieux valait démolir l’ancien immeuble. La Casa Franca (du prénom de sa grand-mère) est l’aboutissement du rêve de Sarah Valente, artiste franco-italienne de 36 ans, passionnée d’art et d’écologie, comme en témoigne sa Greenline Fondation, pour la sauvegarde des forêts. Six ans de travaux mais un résultat bluffant, à l’extérieur comme à l’intérieur.
Pose plus rapide
C’est dans leur bureau du 10e arrondissement que les Déchelette imaginent de nombreux projets, les logements étant devenus leur spécialité. À l’image de l’immeuble de huit logements sociaux, en structure bois et façade terre (blocs préfabriqués pour une pose plus rapide), livré en juin 2024, rue des Quatre-Cheminées, à Boulogne-Billancourt. Depuis ils multiplient les concours et attendent nombre de réponses pour 2025, à Paris ou sa couronne mais aussi à Annemasse ou Marseille. On est loin de l’architecture traditionnelle, avec leur projet dans le 14e, à l’emplacement d’une ancienne boîte de nuit antillaise, d’un immeuble en bois et paille, ne nécessitant pas de chauffage et récupérant les eaux de pluie. Une architecture intelligente à prendre comme exemple.
