Le triomphe d’Emilia Perez, des surprises de taille, Anora dans une mauvaise passe… Le palmarès des Golden Globes 2025

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ANALYSE – Nommé dix fois, le drame musical de Jacques Audiard repart avec quatre statuettes, dont celle de meilleur film étranger et meilleur film musical à l’issue d’une cérémonie où les talents tricolores ont brillé.

Favori de la 82e édition des Golden Globes avec dix nominations, le drame musical du réalisateur français Jacques Audiard sur les cartels Emilia Perez a montré ses muscles dimanche à Los Angeles. Le long-métrage domine le palmarès avec le nombre record de quatre statuettes. Emilia Perez réussit le magistral doublé : meilleur film musical et meilleur film étranger. À ce butin s’ajoutent le trophée du meilleur second rôle pour Zoe Saldana et celui de la meilleure chanson originale. 

De quoi assumer les ambitions du film tricolore, distribué outre-Atlantique par Netflix, pour les Oscars du 3 mars prochain. Primé à Cannes, Emilia Perez est le candidat de la France dans la section meilleur film étranger et peut espérer glaner des nominations dans les catégories générales. Comme Anatomie d’une chute l’an passé. Ces victoires aux Golden Globes, considérés comme un tremplin pour les Oscars, étaient essentielles. Emilia Perez a plutôt été boudée par les associations américaines de critiques, qui ont couronné tantôt Anora, Wicked, The Substance ou The Brutalist. Il fallait un coup d’accélérateur pour rester dans les conversations. La bonne tenue d’Emilia Perez dans les présélections des Cesar anglais -les Bafta- où le film est sélectionné quinze fois, est aussi encourageant.

Le tiercé fabuleux de The Brutalist

En revanche, Emilia Perez s’incline dans les sections meilleur réalisateur, remporté par Brady Corbet (The Brutalist), meilleure bande-orignale (Challengers), actrice (The Substance) et meilleur scénario (Conclave). Ce palmarès varié confirme que cette saison des prix, qui culminera avec les Oscars, reste plus ouverte que d’habitude. 

La cérémonie de dimanche a ressemblé à un jeu de billards. Dès qu’Emilia Perez prenait l’ascendant, The Brutalist revenait en force. Cette fresque fleuve de plus de trois heures, signée Brady Corbet et récompensée à la Mostra, est l’autre grand gagnant de cette cérémonie et s’affirme comme le concurrent direct d’Emilia Perez. Ce portrait d’un architecte, rescapé de la Shoah, essayant de refaire sa vie aux Etats-Unis a remporté un tiercé majeur : meilleur film dramatique, meilleur réalisateur et meilleur acteur pour Adrien Brody, qui prend une longueur d’avance sur ses rivaux les plus sérieux : Timothée Chalamet (Un parfait inconnu) et Ralph Fiennes (Conclave).

Deux surprises de taille

Les Golden Globes n’ont pas fait qu’apporter de la clarification en vue des Oscars. Dans la catégorie meilleure actrice dramatique, les votants ont créé la surprise en couronnant Fernanda Torres pour sa performance de matriarche aux prises avec la junte dans Je suis toujours là de Walter Salles. La comédienne brésilienne de 59 ans bat les favorites et grandes dames d’Hollywood que sont Nicole Kidman (Babygirl) et Angelina Jolie (Maria). 

Sa victoire reflète l’évolution des Golden Globes, qui se sont profondément internationalisés. Les goûts des 334 journalistes internationaux s’alignent désormais sur les grands festivals (Cannes, Venise) et le cinéma d’auteur. Pas sûre que le corps électoral des Oscars plus vieux, masculin et américain -10.000 professionnels du cinéma- suive.

Demi Moore, palme du discours

Autre coup de tonnerre du même acabit, la victoire du dessin animé letton Flow sur les poids lourds attendus qu’étaient Vice-Versa 2 et The Wild Robot. L’odyssée animale sans dialogue d’un chat essayant de survivre à une inondation apocalyptique est une corproduction letto-franco-belge. Ce résultat reflète une très belle nuit pour le cinéma tricolore. 

Dans la catégorie meilleure actrice de comédie, Demi Moore a remporté la statuette, portée par l’originalité de la fable horrifique de la réalisatrice parisienne Coralie Fargeat. La comédienne de 62 ans a donné un des plus beaux discours de la soirée, qui sera un formidable argument de campagne. Hollywood aime les comeback. «Je suis sous le choc, c’est la première fois que je gagne quelque chose. Il y a 30 ans, un producteur avait dit de moi que j’étais une actrice pop-corn. J’y ai cru. J’ai cru que j’avais terminé ma carrière. J’ai reçu le scénario de The Substance au moment le plus bas de ma vie. Merci à Coralie d’avoir cru en moi», a salué la star des blockbusters des années 90, «Merci de ce cadeau de me laisser exercer une profession que j’aime». Avec cinq nominations aux Golden Globes, The Substance a toutes ses chances de faire des vagues aux Oscars.

Autre intervention remarquée, celle de Sebastian Stan, couronné meilleur acteur comique, pour son rôle de comédien défiguré dans A Different Man aux accents aussi assez gore. Le comédien roumano-américain de 42 ans a appelé à une meilleure représentation et acceptation du handicap et a rappelé à quel point ses deux films A Different Man et le biopic sur Donald Trump The Apprentice ont été difficiles à produire vu leur sujet sensible.

Anora dans une mauvaise passe 

Lauréat du trophée du meilleur second rôle pour A Real Pain, road-trip dans la Pologne des  camps de concentration, la star de Succession Keiran Culkin a fait sourire, en expliquant ne pas se souvenir de son discours de remerciements après avoir consommé trop de tequila.

Ce palmarès 2025 fait aussi de grands perdants. Dune 2 de Denis Villeneuve et surtout la palme d’or Anora repartent bredouille et voient leur éclat terni en vue des prochaines manches que sont les nominations du syndicat des acteurs en fin de semaine et celles des Oscars, attendues le 17 janvier. Rouleau compresseur des salles nord-américaines, Wicked se console avec le prix de la réussite au box-office.

Palmarès des Golden Globes 2025

Meilleur film dramatique : The Brutalist

Meilleure actrice dramatique : Fernanda Torres, Je suis toujours là

Meilleur acteur dramatique : Adrien Brody, The Brutalist

Meilleur comédie ou film musical : Emilia Perez 

Meilleure actrice de comédie  : Demi Moore, The Substance

Meilleur acteur de comédie : Sebastian Stan, A Different Man

Meilleur second rôle féminin: Zoe Saldana, Emilia Perez

Meilleur second rôle masculin : Kieran Culkin, A Real Pain

Meilleure réalisation : Brady Corbet, The Brutalist

Meilleur scénario  : Peter Straughan pour Conclave

Meilleure bande originale : Trent Reznor & Atticus Ross pour Challengers 

Meilleur chanson originale : El Mal par Clément Ducol, Camille, Jacques Audiard (Emilia Perez)

Meilleur film en langue étrangère : Emilia Perez 

Meilleur film d’animation : Flow

Performance au box-office : Wicked

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