C’est un grand nom de la photographie mondiale, membre de la prestigieuse agence Magnum et pilier de National Geographic auquel le Centre d’art Caumont* d’Aix-en-Provence rend hommage cet hiver. Steve McCurry, 74 ans, est de ces reporteurs qui prennent tous les risques pour une belle image.
Combien de fois a-t-il failli mourir en mission ? Il ne saurait le dire. « Les moments où ma vie aurait pu s’arrêter sont innombrables », reconnaît-il sans forfanterie. La première fois ? Il avait cinq ans. Renversé par une voiture, il garde de l’épisode un petit handicap : son bras droit n’a jamais récupéré sa mobilité.
La seconde, c’était en décembre 1979. Premier journaliste occidental à entrer en Afghanistan, il réalisait un reportage sur l’invasion du pays par l’armée russe quand une patrouille a mitraillé son véhicule. À l’automne 1983, c’est sur la plage de Bombay (Inde), en plein milieu d’une fête de Ganesh, qu’il manquait de se noyer. « Un groupe d’excités n’avait pas apprécié que je me mêle à la foule de fidèles. Ils m’ont attaqué au moment où je réalisais une série sur la cérémonie de mise à l’eau dans la mer d’Arabie des grandes statues de la divinité », se remémore-t-il.
Six ans plus tard, en février, c’est à un crash d’avion sur le lac Bled, en Slovénie, qu’il a réchappé. « Mon appareil et mon sac à dos reposent toujours par vingt mètres de fond », peste-t-il. Depuis la naissance de sa fille, en 2015, Steve McCurry assure s’être beaucoup calmé. « Je ne prends plus autant de risque qu’avant. Mais je demeure malgré tout convaincu que, pour faire de bonnes images, il faut être au contact des événements, ce qui n’est pas sans danger. »À LIRE AUSSI Dans les yeux de Steve McCurryL’exposition de 80 grands tirages, actuellement organisée en Provence et joliment mise en lumière par Biba Giacchetti, donne un aperçu des aventures que le photographe a pu vivre sur les cinq continents. Revenant sur 45 ans de photographie, elle illustre l’attention extrême que Steve McCurry accorde aux gens qu’il croise.
D’Inde au Japon, d’Afghanistan à la Chine, du Yémen à la Namibie, ses images dévoilent un sens poussé de la composition qui amène le spectateur à embrasser le monde différemment.
L’Asie occupe une place centrale dans cette rétrospective. Ses plus belles images y ont été prises. Tel ce portrait de groupe de jeunes moines Shaolin s’entraînant à Zhengzhou (Chine) en 2004, tête en bas, comme des chauve-souris. Ou ce cliché de 1994 immortalisant une procession de jeunes fidèles en rang d’oignon dans des vêtements extraordinairement colorés, aux portes d’un temple bouddhiste de Rangoun (Myanmar).
À Découvrir
Le Kangourou du jour
Répondre
« J’ai pour ce continent une tendresse particulière. C’est là que j’ai commencé ma carrière. C’est là que j’ai vécu mes plus grandes émotions de conteurs visuels », conclut Steve McCurry, dont la plus célèbre photo, celle de cette Afghane aux yeux verts, Sharbat Gula, immortalisée en 1984, figure évidemment au cœur de cette splendide rétrospective.
*Exposition « Regards » de Steve McCurry, au Caumont-Centre d’art : 3, rue Joseph Cabassol 13100 Aix-en-Provence. Jusqu’au 23 mars. Ouvert tous les jours de 10h à 18h.