C‘est une affaire que le clan Le Pen aimerait oublier mais qui fit grand bruit à l’époque : au milieu des années 1980, le leader de l’extrême droite française bascule soudain dans la rubrique people en raison d’un divorce qui tourne mal… Sa, femme, Pierrette, ex-mannequin épousée en 1958 et mère de ses trois filles, quitte le domicile conjugal en 1984 pour vivre avec le journaliste Jean Marcilly, biographe de son mari. Pour Le Pen, défenseur des valeurs familiales et conservatrices, le choc est rude, d’autant que sa femme entame un bras de fer judiciaire…
Très vite, le duel dépasse les cloisons des salons privés… Pierrette réclame une pension alimentaire, le leader du Front national répond que « si elle a besoin d’argent, elle n’a qu’à faire des ménages ». Son ex réagit aussi sec en décidant de poser en soubrette sexy à la une de Playboy en juin 1987 : on découvre alors cette fringante quinquagénaire à quatre pattes avec son chiffon et son aspirateur sur huit pages qui font sensation… Dans une interview, la femme blessée rend coup pour coup et explique qu’elle exerce ainsi son « droit de réponse » à l’encontre de son mari, « qui tient essentiellement à ce que je fasse des ménages pour subsister » – en l’occurrence, elle touchera 400 000 francs pour se déshabiller. Et de conclure : « C’est le pied de nez d’une Française enfin libre au matamore des Français d’abord. »
Vaudeville
Le scandale est énorme. Un an plus tôt, Jean-Marie Le Pen, longtemps patron d’un parti confidentiel, s’est invité dans le jeu politique en faisant une entrée fracassante à l’Assemblée nationale et ne cache pas ses ambitions présidentielles… Et voilà son destin qui bascule dans le vaudeville : les médias font des gorges chaudes de l’affaire, Le Canard enchaîné titre « Elle montre tout », clin d’œil au manoir de Saint-Cloud des Le Pen, les photos sont reprises dans toute la presse européenne, qui ironise sur cette « revanche à la française »… Et les ventes de Playboy s’envolent à 250 000 exemplaires en moins d’une semaine.
La trahison est immense, l’humiliation, suprême, sans compter le chagrin intime des proches, notamment des trois filles, Marie-Caroline, Yann et Marine, 19 ans à l’époque. « C’est pire que de la perdre vraiment, réagiront-elles après coup. Une mère, ça fait partie d’un jardin secret, pas d’une décharge publique. » Le fossé est immense, la rancœur, tenace. On raconte qu’en quittant Montretout, Pierrette Le Pen a emmené l’œil de verre de rechange de son mari, qui, lui, a conservé les cendres de la mère de Pierrette…
« Elle en a fait un peu trop »
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Après négociation, les deux ex finiront par échanger leurs reliques près d’un bois, secondés par des intermédiaires. « Elle s’est servi de la presse pour me nuire, analysera plus tard Le Pen dans ses mémoires. Elle a fabulé sur ma prétendue fortune en Suisse, les valises qu’elle aurait transportées […] S’il n’y avait eu les filles, le respect qu’une mère doit à sa famille, j’aurais peut-être souri… Là, elle en a fait un peu trop. Peut-être le désir de prouver qu’elle était encore fort bien faite entrait-il dans cette bravade… »
Pierrette Le Pen reste une quinzaine d’années en froid avec ses filles et son premier mari. Elle vend des biens, connaît des difficultés financières, s’installe chez des amis, avant de finir par renouer avec les siens. Jean-Marie Le Pen, qui a refait sa vie avec Jany Paschos, accepte finalement de l’héberger dans un pavillon au fond du jardin de sa propriété parisienne. Le temps a fait son œuvre, les amants terribles ont fini par se pardonner mutuellement. « Ils sont originaux tous les deux, résumera plus tard Marine Le Pen dans l’émission Ambition intime. Ce sont des parents hors du commun. Une vie hors du commun. Mais c’est comme ça, c’est ce qui m’a construite… »