Emilia Perez joue son va-tout aux Golden Globes, The Substance en embuscade

0
9


ANALYSE – Avec dix nominations, le drame musical de Jacques Audiard fait figure de favori dimanche soir. S’il fait le plein de statuettes, il aura le vent en poupe pour les Oscars.

Après le triomphe de Justine Triet et d’Anatomie d’une chute l’an dernier, les talents français auront encore une chance de briller ce dimanche à Hollywood, lors de la 82e édition des Golden Globes. Cérémonie la plus glamour de l’industrie après les Oscars, dont elle est souvent un tremplin. Les spectateurs français pourront suivre le gala et son tapis rouge, dans la nuit de dimanche à lundi à partir de 00 h 45 sur Canal +. 

Avec dix nominations (notamment meilleur film musical et comédie, film étranger, réalisateur, scénario, actrice et second rôle), le drame musical hispanophone de Jacques Audiard sur les cartels Emilia Pérez survole les autres œuvres en lice. Le long-métrage, distribué par Netflix qui fait une campagne très active, fait figure de favori. S’il fait le plein de statuettes, le drame musical aura le vent en poupe pour les Oscars, qui annoncent leurs nominations le 17 janvier prochain. Emilia Perez a ainsi été sélectionné par le CNC pour représenter la France dans la section meilleur film international.

Un coup d’accélérateur est nécessaire car lors de la première phase de la saison des prix, dominée par les palmarès des associations de critiques américaines, Emilia Perez n’a pas percé. De New York à la Floride en passant par l’Indiana et Seattle, ils se sont plutôt rangés derrière Anora, The Brutalist et The Substance.

Le succès d’un cinéaste tricolore peut en cacher un autre

Le buzz d’un cinéaste tricolore peut même en cacher un autre. La réalisatrice Coralie Fargeat est aussi plébiscitée par les 334 journalistes étrangers membres des Golden Globes. The Substance, sa fable horrifique et macabre, portrait d’une star vieillissante  qui se crée une version de soi encore plus jeune et plus belle, décroche cinq nominations : meilleure comédie, meilleure actrice de comédie (Demi Moore), meilleur second rôle (Margaret Qualley), meilleur scénario et meilleure réalisation.

Contrairement à d’autres années, la catégorie comédie et film musical, à laquelle appartiennent Emilia Perez et The Substance, va être très compétitive. En face se trouvent la palme d’or Anora, le triangle amoureux sur les cours de tennis Challengers et la comédie musicale Wicked, qui règne sur le box-office américain.

Des duels Wicked contre Emilia Perez

Cette concurrence aiguë se retrouve dans la catégorie meilleure actrice de comédie. Révélation d’Emilia Perez, l’actrice transgenre espagnole Karla Sofía Gascón a sur sa route Mikey Madison, la stripteaseuse au cœur d’Anora et Cynthia Erivo, impressionnante sorcière dans Wicked. La surprise pourrait aussi venir de Demi Moore, épatante de vulnérabilité dans The Substance. Ferment la marche Zendaya (Challengers) et Amy Adams en mère surmenée (Nightbitch).

Chez les hommes, le résultat est beaucoup plus incertain. La statuette se joue entre Jesse Eisenberg, qui entame un périple mémoriel dans la Pologne des camps de concentration dans A Real Pain, Hugh Grant (Heretic), Gabriel LaBelle (Saturday Night), Jesse Plemons (Kinds of Kindness), Glen Powell (Hit Man) et Sebastian Stan (A Different Man).

Dans la catégorie second rôle, l’affrontement entre Wicked et Emilia Perez est aussi de mise. Bonne fée de Wicked, la chanteuse Ariana Grande fait face à sa consœur Selena Gomez et à Zoe Saldana, qui risque de diviser les votes sur le film de Jacques Audiard. Margaret Qualley (The Substance) pourrait en tirer profit. Tout comme Isabelle Rossellini, nonne sans filtre travaillant pour le Vatican dans Conclave. Felicity Jones, survivante de la Shoah dans The Brutalist, complète la liste.

Chez leurs confrères, Kieran Culkin semble bien parti avec A Real Pain. Il affronte Edward Norton, mentor de Bob Dylan dans Un parfait inconnu, Guy Pearce (The Brutalist), Jeremy Strong (The Apprentice), Denzel Washington (Gladiator II) et Yura Borisov, homme de main mutique et tendre d’Anora.

Des Golden Globes en pleine mutation

Encore marqués par le vaste scandale révélé en 2021 sur les manquements éthiques, le racisme et la corruption de leurs membres basés en Californie, les Golden Globes se sont largement réformés ces dernières années. Ils ont notamment ajouté plus de 240 journalistes établis à l’étranger (Europe, Afrique, Asie, Amérique du Sud). Un changement qui se ressent dans les nominations, selon Pete Hammond, du site spécialisé Deadline. La cérémonie est moins prévisible, ne met plus à l’honneur des navets décriés et plus ouverte aux films d’auteur internationaux issus des festivals. Les catégories dramatiques, traditionnellement séparées des comédies par les Golden Globes, reflètent également cette évolution.

Le film canadien The Brutalist, portrait d’un architecte survivant de l’Holocauste tentant de refaire sa vie aux États-Unis, a obtenu sept nominations. Il vise le prix du meilleur film dramatique, mais devra notamment se défaire du thriller papal Conclave, nommé dans six catégories. Le thriller September 5 sur la prise d’otages des athlètes israéliens aux JO de Munich vue à travers la salle de rédaction d’ABC News, Un parfait inconnu, Dune 2 et Nickel Boys ne semblent pas être en mesure de déstabiliser ce duel.

Les vedettes de The Brutalist et Conclave, Adrien Brody et Ralph Fiennes – brillant et cardinal englué dans les manigances du Vatican pour élire un nouveau pape – s’affrontent pour le titre de meilleur acteur dans un film dramatique. Une course dans laquelle pourrait s’inviter Timothée Chalamet, pour son incarnation remarquée de Bob Dylan dans le biopic Un parfait inconnu. Les Golden Globes pourraient aussi choisir de prendre position et de récompenser Sebastian Stan, qui campe un jeune Donald Trump dans The Apprentice. Écrivain homosexuel tourmenté par la solitude dans Queer, Daniel Craig et Colman Domingo, prisonnier passionné de théâtre dans Sing Sing, font figure d’outsiders.

La revanche des quadras et des quinquas

C’est sur le destin des actrices que les Golden Globes sont les plus susceptibles de peser, trois jours avant la clôture du vote pour les nominations aux Oscars. Angelina Jolie est habitée par son rôle de la cantatrice Maria Callas dans Maria, biopic figé de Pablo Larrain. Nicole Kidman impressionne en femme de pouvoir à la sexualité inassouvie dans Babygirl. Fernanda Torres émeut en veuve dévouée à ses enfants sous la dictature brésilienne des années 70, dans le mélo Je suis toujours là. 

Sans oublier Kate Winslet, qui prête ses traits à la photographe de guerre Lee Miller dans Lee, Tilda Swinton en journaliste atteinte d’un cancer songeant à l’euthanasie dans La chambre d’à côté d’Almodovar ou Pamela Anderson, surprenante en danseuse de revue rattrapée par l’âge dans The Last Showgirl. À l’image d’une catégorie dominée par des actrices ayant passé ou sur le point de franchir le cap de la cinquantaine. Une statistique remarquable pour un secteur qui a coutume de se nourrir de chair fraîche…


data-script=”https://static.lefigaro.fr/widget-video/short-ttl/video/index.js”
>

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here